FUGLANE 2023
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FUGLANE est un solo pour le danseur Vincent Dupuy.
Ce projet prend sa source dans le livre de Tarjeï Vesaas Les Oiseaux, dans lequel se déploie la force inouïe de la perception du monde de Mattis, qui en est la figure centrale.
Mattis c'est l'être des marges, des confins, des espaces flous et imprévisibles.
L’écriture des Oiseaux est à la fois très simple, très réaliste, et pleine de brèches vers une autre perception des choses. La présence de l’invisible irradie ce texte. En écho à cette œuvre, FUGLANE est une pièce dans laquelle viennent se déplier différentes strates de perception. Des passages d’intensité traversent le corps du danseur, des images font irruption, des gestes se font et se défont.
FUGLANE c’est un monde de visions non élucidées. Une invitation à voir dans les interstices.
Des instruments de musique conçus par Florent Colautti sont présents au plateau et joués à distance, leur conférant une présence particulière. Vibrations de cordes, percussions sur une boîte en bois et vrombissement d’une anche de cornemuse sont tour à tour entendus acoustiquement et/ou via une amplification, ce qui ouvre à différents niveaux d’écoute.
Crédits
Conception : Hélène Rocheteau
Interprétation : Vincent Dupuy
Composition musicale et interprétation : Florent Colautti
Collaboration scénographie et costumes : Elodie Quenouillère
Création lumière : Gweltaz Chauviré
Production : La Belle Orange
Coproduction : C.C.N Tours, Antre Peaux - Bourges, Le Vent des Signes - Toulouse
DRAC Centre - Val de Loire, Région Centre - Val de Loire, ville de Tours
Partenaires : Théâtre de Vanves, Louhenrie - Pouillé, Espace Malraux - Tours, Antre Peaux - Bourges, La Pratique - Vatan
Dates
Présentation d'une étape de travail : théâtre de Vanves - festival Ardanthé - journée (DECA)DANSE - 26 mars 2022
Pré-première : Centre culturel Albert Camus Issoudun - 4 mars 2023
Première : Antre Peaux - Bourges - 23 mai 2023
Etoile du Nord - Paris - Festival ZOA - 10 octobre 2023
Présentation d'un extrait : Equinoxe Scène nationale de Châteauroux - Journée Esquisse Rencontres professionnelles ScèneOCentre - 23 novembre 2023
C.C.N Tours - SPOT#région - 19 décembre 2023
Le Bouillon - Centre culturel de l'Université d'Orléans - 30 janvier 2024
Festival Ardanthé - Théâtre de Vanves - 19 mars 2024
Presse
FUGLANE d’Hélène Rocheteau, au Théâtre de Vanves dans le cadre du Festival ARDANTHE
Article de Nicolas Thevenot dans « Un fauteuil pour l’orchestre » - 27 mars 2024
« Qu’est-ce qu’un monde intérieur, sinon le monde tel qu’on devrait le voir, le ressentir, sinon le juste rapport qu’il faudrait entretenir avec lui, nourri de curiosité, réhaussé d’amour. Non plus l’envisager comme un profit qu’il nous faudrait prélever, mais comme une partie de nous-même et nous-même une partie de ce tout. Ce monde intérieur, il est celui de Mattis, le personnage du roman Les oiseaux de l’auteur Norvégien Tarjei Vesaas, dont s’inspire Fuglane, la prodigieuse et entêtante pièce chorégraphique conçue par Hélène Rocheteau et interprétée par Vincent Dupuy. Ce monde intérieur submerge, dès les premiers instants, l’espace et le temps. La lumière y est vapeur, organique et mystique. Plutôt que rompre l’obscurité, elle s’y insinue, comme une poche amniotique, comme une veine rocheuse. Vincent Dupuy est comme penché en lui-même, absorbé et pourtant irradiant de présence. Transparent et vibrant dans son ouverture au monde. Comme un sourcier sur le fil de sa baguette, ses pas, ses gestes, développent leurs harmoniques au diapason de l’Univers. L’interprète de Fuglane est un médium : il nous engage dans un voyage au gré de ses sensations, de ce qu’il traverse comme de ce qui le traverse. Fuglane est un transport émotif qui nous saisit au plus profond. Sa danse est un apprentissage du sensible, un arpentage du monde qu’il lui faut couvrir, ouvrir, des mains et des pieds. Les mouvements freinés et arrêtés par la viscosité de l’air se prolongent, prennent un invisible relais en son for intérieur dans une circulation ininterrompue. Intériorité et extériorité sont ici miraculeusement interchangeables. Ce qu’il fait ou défait à l’air libre noue autant ses liens avec l’âme. Si la danse de Vincent Dupuy est de l’ordre de la pensée magique, c’est en premier lieu pour cela : cette capacité inouïe à la transparence, à ce que les gestes s’effectuent dans un dialogue intérieur où le monde s’institue. Fuglane est une danse habitée, non pas au sens d’une incarnation, d’une possession, mais une danse qui ferait l’expérience de renaître au monde, de le découvrir, de tenter d’en saisir par son corps les anfractuosités, la fraîcheur ombreuse, les verticalités, les élans, les solitudes, les gouffres, les repos, les tourbillons et de s’y faire une place. Ce que le corps de Fuglane vit et danse est l’empreinte de soi au monde tout autant que l’empreinte du monde en soi. Il y a une sidérante beauté dans cette communion qui éclaire le sourire de Vincent Dupuy. Tout comme dans la fine et poétique ossature sonore produite par les instruments de musique conçus et joués à distance par Florent Collauti, vertèbres de pizzicati et exhalaisons de anches d’une sourde densité végétale et cosmique.
Fuglane touche à l’irréductible part d’enfance en chacun de nous, à celle de Vincent Dupuy, à ce chemin lorsqu’on l’ouvrit pour la première fois et que l’on marquera à force de repasser par les mêmes pas. Dans cette ascèse qui est une richesse, l’homme apprend le langage des oiseaux, touche à la véritable sainteté. Une dernière image encore, bouleversante, inestimable offrande pareille à celle du dernier plan de Tropical malady du cinéaste Apichatpong Weerasethakul, où le spectateur se perd de longues et vertigineuses minutes dans la vision d’une tête de tigre au milieu des feuillages, de son œil luisant et fixe : le visage de Vincent Dupuy, lumineux, immobile, à l’orée de la forêt de nos regards. Seul un œil est encore visible, brillant de l’éternité et d’une larme où se condense l’infini du monde. »